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05/03/2010

« Un jour viendra… »

 

 On croyait que les utopies étaient mortes, que les hommes d’aujourd’hui, cupides individualistes ne se souvenaient plus des rêves de fraternité du XIXe siècle.

C’était sans compter sur le Théâtre du Soleil. Des Naufragés du Fol Espoir, sa dernière création collective, « mi-écrite par Hélène Cixous, sur une proposition d’Ariane Mnouchkine, librement inspirée d’un mystérieux roman posthume de Jules Verne », renaissent les espérances.

Je ne suis pas une spécialiste de Jules Verne, et ne vous dirai pas si ce roman est posthume, apocryphe ou inédit. Mais que la toile du spectacle ait pour fil de chaîne le discours que Victor Hugo prononça au Congrès de la Paix d’août 1849 à Paris, quelle satisfaction ! Depuis Le Rhin (1842), le poète parlait de l’Europe, de l’humanité et de la paix. En 1849, devenu homme politique, il combattait pour que ses idées deviennent réalité. « Un jour viendra où vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d’hommes d’armes les uns contre les autres, » disait-il, « Un jour viendra où la France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne ». On le traitait de « rêve-creux ».

Puis d’autres sont venus qui, comme lui, prônait, la, liberté de pensée, la liberté de la presse, la liberté des cultes, la suppression de la peine de mort », et ce, à contre-courant des opinions nationalistes.

Les Naufragés du Fol Espoir, raconte cette utopie à travers le tournage d’un film en juillet 1914, quand le cinématographe inventait la fiction pour que le cinéma reste un moyen « d’éducation populaire ».

Sous la verrière de la guinguette Le Fol Espoir, le cinéaste Jean la Palette (Maurice Durozier) tourne l’assassinat de l’archiduc Rodolphe à Mayerling, en 1889, puis le départ des émigrants, de Cardiff vers l’Australie. Le bateau s’appelle… Le Fol Espoir. Il embarque aussi des capitalistes et des bagnards. Certains espèrent trouver la fortune, d’autres, la liberté. L’Internationale est leur hymne. Le cap Horn leur sera fatal.

Le patron de la guinguette, Félix Courage (Eve Doe-Bruce), a mis son personnel au service du cinéaste, et sa table à la disposition de l’équipe. On tourne ! Madame Gabrielle (Julia Carneira da Cunha) tient la caméra. Mais, dehors, l’actualité parle de guerre, et, L’Humanité, après l’attentat contre François Ferdinand à Sarajevo, fera sa une sur les menaces contre la Serbie, les discours de Jaurès, l’appel à la grève générale avant d’annoncer l’assassinat de Jaurès et le début du chaos : la mobilisation générale.

Les destins s’entremêlent et les spectateurs sont embarqués pour la Magellanie avec la troupe.

Ils sont trente sur le plateau, qui jouent trois à six rôles différents, tirent les bouts, larguent les amarres ou poussent les accessoires. Astrid Grant, Olivia Corsini, Paula Giusti, Alice Millequant, Dominique jambert, Pauline Poignand, Marjolaine Larranaga y Ausin, Ana Amelia Dosse, Judit Jancso, Alice Borsari, Frédérique Voruz, pour les comédiennes, Jean-Jacques Lemêtre, le fidèle musicien, Duccio Bellugi-Vannuccini, Serge Nicolaï, Sébastien Brottet-Michel, Sylvain Jailloux, Andreas Simma, Seear Rohi, ArmandSaribekyan, Vijayan Panikkaveettil, Samir Abdul Jabbar Saed, Vincent Mangado, Sébastien Bonneau, Maixence Bauduin, Jean-Sébastien Merle, Seietsu Onochi, tous, infatigables, précis, extraordinaires.

Ô la magie des toiles peintes, des vagues de tissus soulevées par les bras des acteurs, des éléments qui s’ajustent parfaitement pour donner l’illusion, pour titiller l’imaginaire engourdi !

Le bateau sombre, la soif de l’or a raison de tous les espoirs, une bobine brûle et la guerre est déclarée. Mais sur la Terre de Feu restent des survivants : un archiduc qui a renoncé au pouvoir (Serge Nicolaï), un bon sauvage (Seear Rohi), et quelques idéalistes, juste assez pour construire ce « phare du bout du monde » qui éclairera les navires en détresse, « au milieu des ténèbres » et les guidera vers « la porte rayonnante de l’avenir ».

Juste une troupe qui lutte pour maintenir le cap, celle de la grande aventure du théâtre populaire.

Le jour est venu de donner  raison au poète qui prédisait que par ce combat, « nous aurions sous les yeux l’espérance, la joie, la bienveillance, l’effort de tous vers le bien-être commun, et nous verrions partout se dégager de la civilisation en travail le majestueux rayonnement de la concorde universelle. »

 

 

 

Les Naufragés du Fol Espoir

Cartoucherie de Vincennes

http://www.theatre-du-soleil.fr/

mercredi, jeudi, vendredi à 19 h 30

samedi à 14 h30 et à 20 h

dimanche à 13 h

01 43 74 24 08 (individuels)

01 43 74 88 50 (collectivités)

13/10/2008

La gloire des Misérables

« Avez-vous lu Victor Hugo ? » demandait Aragon en 1952.

Aujourd’hui, l’exposition Les Misérables un roman inconnu ? nous pose la même question.

Oui, nous avons souvenir des épisodes principaux, véritables morceaux d’anthologie, mais souvent connus, grâce aux séquences cinématographiques qu’ils ont inspirés. Jean Valjean face à Monseigneur Myriel, Javert.jpgJavert face à Valjean, Valjean jurant à Fantine d’aller chercher Cosette. Cosette puisant de l'eau, cosette bayard.jpget Cosette face à sa poupée… Mais quelle poupée ? Celle du film de Raymond Bernard ou de Billie August ? Et Gavroche ? Et Marius, Thénardier, Éponine, une foule de personnages entoure les protagonistes, l’Histoire les a modelés, et Hugo les inscrit dans ce XIXe siècle qui va faire de lui un homme universel.

 

 

Javert (Charles Vanel)

photo Studio Pathé Natan

Photographie du film de Raymond Bernard, Les Misérables, 1933

Paris, Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

© Pathé Production

Emile Bayard (1837-1892)

Cosette

                                                                                                                                                                                           Fusain et pastel, 44,5 x 27

                                             Paris, Maison de Victor Hugo, MVHP-D-349

                                                                              © Maison de Victor Hugo /Roger-Viollet

Les Misérables, oui, nous connaissons le roman. Mais quand Francis Huster donne sur scène un extrait de « Waterloo », peu de spectateurs reconnaissent un chapitre des Misérables. Donnerait-on un jour le dialogue de Mgr Myriel et du Conventionnel, que beaucoup le découvriraient.

 

 La splendide exposition de la Maison Victor Hugo, décrit aussi bien les étapes de l’écriture du roman, que les thèmes qu’il traite, avec quatre axes principaux : la rédemption, la misère, l’amour, l’Histoire. Le cinquième, Paris, est l’objet d’une seconde exposition, Paris au temps des Misérables, au

musée Carnavalet tout proche. L'éléphant de la Bastille n'était pas une invention romanesque.elephant de Bastille.jpg

Manuscrits, dessins, mais aussi peintures, sculptures, documents divers montrent la profondeur du roman, son influence sur les arts, les mœurs et les lois, son extraordinaire rayonnement à travers le monde. Cee n'est pas seulement une redécouverte, c'est la gloire des Misérables.

Arnaud Laster avait déjà, par ses recherches et ses publications, recensé plus de quarante adaptations filmées de l’œuvre. C’est un bonheur de revoir ici, des extraits des principales.

Des photographies contemporaines montrent que la misère, hélas est toujours un fléau, et que le combat du Bien contre le Mal n’est jamais terminé.

 

 

 

Gustave Brion (1824-1877)

L’éléphant de la Bastille

Illustration pour les Misérables

Gravure sur bois

Paris, Maison de Victor Hugo

© Maison de Victor Hugo /Roger-Viollet

 

 

 

 

 

 

Maison de Victor Hugo

6 place des Vosges

Musée Carnavalet

23, rue de Sévigné

fermé le lundi.